Le Monde Merveilleux de S. et A.

A. : Monseigneur Monseigneur !!!! C’est horrible !!! C’est abominable !!! C’est une catastrophe !!!

S. : Hmmmm ?

A. : Notre Précieux Projet de Loi Hadopi mon Maître…. il… il a été rejeté au second vote du Parlement à L’Assemblée Nationale !!!

S. : Hmm…

A. : Ces fourbes de socialo-communistes s’étaient cachés pendant les débats pour jaillir et renverser la tendance au moment du vote !!! C’est une honte ! Comment ont-ils osé ?! En plus ils ont soudoyé les cuisiniers de la cantine pour servir des frites à midi et retenir nos députés devant leurs assiettes !

S. : Hmm… Certes. Cela ne m’étonne guère. J’aime bien les frites. il y avait de la mayo au moins ?

A. : Mais vous ne comprenez pas ! Nous allons tous mourrir égorgés par de terrifiants pirates : les geeks !

S. : Hmm…

A. : Que faire Monseigneur… que faire ? Je suis au bord du gouffre, je me sens lasse, si lasse, même mon pare-feu vendu avec Open-office ne m’a pas protégé de cela…

S. : Hmm…

A. : Snifff…. Rofflllle…

S. : Très chère, cela suffit. Dans un mois, vous représenterez le projet de loi au Sénat et à l’Assemblée. Et si cela ne passe toujours pas, ne vous inquiètez pas, je m’en occuperais personnellement.

A. : Vous… vous êtes trop bon, trop intelligent.. trop…. Monseigneur… je vous aime ! Vous êtes la grandeur de notre pays !

S. : Je sais.

De l’Art, du Lard…

Hadopi par-ci, Albanel par-là, artistes, pirates, majors, vaches à lait, créateurs et consommateurs et 8 mots clés pour Google plus tard (9 maintenant)… les passions se déchaînent, et c’est drôlement drôle à lire/regarder/observer.

A l’heure où l’on parle de chômage, de licenciements, de « crise », ne devrait-on pas, sinon se préoccuper de choses moins futiles que le porte-feuille d’une poignée de « créateurs » et de leurs producteurs de produits de divertissement, au moins réfléchir à une manière de créer une économie plus viable et juste pour toutes les parties ?

Et que penser de la liste des 10 000 artistes de la Sacem qui soutiennent cette loi ? Comment quelqu’un qui se prétend artiste peut vouloir freiner la diffusion de son Art ? Comment un créateur peut-il préférer le profit à  l’émulsion de la création ? Certes il faut pouvoir continuer à créer, et pour cela avoir de l’argent, mais encore faut-il être connu, reconnu, le mériter même. Mon patron trouve que mon travail ne vaut pas ce que je lui coûte ? Il  me vire. Le public n’achète pas les productions d’un artiste ? Il ne l’aime pas. Et peut-être sera-t-il reconnu longtemps après sa mort, après une vie de misère, et ses descendants seront-ils outrageusement riches, mais ça fait partie du jeu. Quand un militaire choisit sa carrière, il en accepte les risques.

Passons. Et revenons à la crise. Combien pour la mise en place de ce système anti-judiciaire et anti-républicain ? Albanel et ses copains estiment le coût de fonctionnement de leur Haute Autorité à 6.7 Millions d’euros par an. Payés par nous, comme il se doit. La Fédération Française des Télécoms, qui compte notamment dans ses rangs France Telecom (Orange), SFR (Neuf Cegetel), Numericable et Bouygues Telecom estime quant à elle le coût pour les FAI à 100 Millions d’euros, et demande d’ailleurs une participation de l’Etat en application du principe constitutionnel d’égalité devant les charges publiques. Donc  encore pour nous (même si l’Etat refuse, les FAI répercuteront ces coûts sur leurs abonnés, bien évidemment). Alors je ne sais pas vous, mais moi, personnellement, qui n’ai pas voté pour Monsieur N, ça me titille un peu de payer pour être privé de droits et de libertés. Je préfèrerai grandement voir cet argent dépensé pour des causes plus justes, et certainement largement plus nécessaires. Relancer l’économie, l’embauche, réduire les inégalités sociales, des trucs de Gauche quoi…
Pour finir j’aimerai savoir si le rôle d’un Etat est d’oeuvrer pour le bien de la communauté ou pour une poignée de nantis. Profiter d’une heure tardive et de l’absence d’opposition pour voter une loi me semble quelque peu contestable. Surtout une loi dont les bénéficiaires ne sont pas la majorité des français, ni même la majorité des concernés.
Et que va-t-il advenir de tous ces nouveaux auto-entrepreneurs ou sociétés basées sur l’e-commerce (ou dont l’activité s’est vu relancée grâce au e-commerce) quand leurs clients n’auront plus Internet, ou quand leur propre abonnement aura injustement été bloqué ? Retour au Pôle Emploi ?

Vraiment, je ris. Mais la mouvance du moment n’est pas à la réflexion, encore moins à régler les problèmes. Même le G20 est une mascarade. Il est vraiment temps de sonner la mort du capitalisme et de l’égocentrisme. Il faudrait vraiment. Car deux et deux feront bientôt vraiment cinq si l’on continue dans ce sens.

Hadopi, au tapis (enfin presque)

« Garantir l’accès de tous les citoyens à Internet équivaut à garantir l’accès de tous les citoyens à l’éducation« . Voilà ce que déclare le Parlement Européen lors de l’examen d’une résolution sur le « Renforcement de la sécurité et des libertés fondamentales sur Internet ».
Internet est donc une liberté fondamentale, principe voté à 481 voix contre 25 (et seulement 21 abstentions), alors qu’Albanel et ses petits copains n’y voyaient qu’une « commodité ».

On en reparle à partir du 30, date à laquelle reprennent les débats à l’Assemblée Nationale, mais j’ai dans l’idée qu’on va rire.

Moment de peinture

Aujourd’hui encore mon esprit est une toile inachevée.

Le peintre de mon être est parti sans finir son œuvre, laissant des tâches sans formes ni couleurs, abandonnant l’embryon de mon Moi à un sort incertain, indéfinissable.

Les sentiments se mêlent, se mélangent, s’entrecroisent, se déforment, ne sachant trouver cette constance réconfortante qui remonte au bien-être.

Un oiseau se penche à mon œil, pour s’abreuver de ce miel étrange, cette ocre rouge, irréelle, qui perle le long de mes joues. Rassasié il reprend son envol dans le ciel rugueux, emportant ave lui une larme de mon incertitude.

Je suis le peintre, indécis, perdu à l’ombre d’un rocher. Sur la toile blanche devant moi, près du feu attiré par la chair de papier, je jette quelques mots timides, tâches colorées, sans pouvoir donner forme, sans pouvoir espérer ne serait-ce qu’un rêve.

Et ma toile s’impatiente. Elle m’attend, me désire. « Couvre-moi, me supplie-t-elle, montre-moi les courbes, les encres, trace moi ces phrases de mots estompés. »

Mais je reste là, impossible. Ai-je oublié ? Où sont ces rêves ? Cet Eden coloré ? Ne puis-je plus dire aux mots ?

Non. Ce n’est pas cela. C’est simplement…qu’ils ne sont plus. Qu’ils sont trop nombreux. Je ne peux lutter contre cette armée évaporée, cet orage silencieux.

D’un coup la lumière s’évapore. Seule la toile échappe à l’obscurité. La pluie.

Les mots coulent, s’étirent, se diluent. Des flaques de peinture. Elle cesse. Je me rapproche du tableau, devenu œuvre céleste. Le feu s’est éteint, emportant la chaleur.

Des flaques de peinture. Que je reforme, déforme, étale. Là une montagne, ici une mélodie. On distingue une femme, une flamme, un pays, un univers.

Un rêve, enfin, se veut découvert.

La vie. Une femme sort de la toile. Elle. Toi. Mon œuvre, celle du ciel.

Ma mère, ma femme, ma fille. Mon amour. Et avec toi le monde. Nous sommes dans le tableau, dans un rêve. Hors de l’espace, hors du temps. Il n’y a pas de lieu, il n’y pas de seconde. Un instant d’éternité, d’irréalité.

Un rêve. Encore un rêve. Une tâche de peinture dans la réalité…

Le Monde Merveilleux de S. et A.

A. (Christine de son prénom) : Très Cher Maître, j’ai fait passé notre Grande Loi sans encombres. J’ai cru entendre quelque remarque désobligeante, mais à y réfléchir, je n’en suis même pas certaine.

S. (Nicolas de son prénom) : Bien bien.

A. (à genoux) : Conformément à vos Plans, nous serons bientôt en mesure de contrôler entièrement l’Intar…l’Intro… L’Internet. La nationalisation de tous les hébergeurs était une idée splendide, cela nous facilite grandement la tâche. Nous avons déjà nettoyer l’Int….ternet de 90% du contenu indésirable, et nos équipes de spécialistes prévoient la mise en ligne des sites gouvernementaux pour demain soir.

S. (un doigt dans le nez) : Bien bien.

A. (reniflant et ramenant une mèche rebelle) : De plus, nous avons réussi à « convaincre » les fournisseurs d’accès Orange et  Free de monter leurs tarifs par rapport à Bouygues Net, et à interdire l’usage des messageires instantanées. On estime leur perte de clients à 99% dans 6 mois. Concernant la mis en place du Système d’Ecoute des Messages, les derniers tests ont montré que 95% des mails envoyé dans l’Hexagone avaient été filtrés, recensés, et ceux à caractère subversif se sont vus supprimés et leurs auteurs sont en garde à vue.

S. (se grattant l’entre-jambe) : Bien bien.

A. (triturant un bouton de sa veste bleu-clair délavée) : Ah j’ai failli oublié, je déjeune samedi soir avec la Sacem et les représentants des Artistes Authorisés, voudriez-vous vous joindre à nous pour un petit karaoké sur Mireille Mathieu ? La Sacem participant, nous n’aurons aucun droits à reverser ! Ahahahahah.

S. (ôtant ses lunettes) : Ahahahahahahah. Certes certes. Très bien, tout cela est parfait ma chère Christine. Vous êtes très serviable. Je demanderai à l’un de mes assistants de vous graver le dernier concert de Johnny.

A. (se frottant les poigners) : Vous êtes trop bon cher Maître !

S. (souriant d’une dent) : Je sais.

Moment ensommeillé

Il y a des nuits comme ça, où le sommeil est joueur. Tellement joueur qu’il en est fatiguant. A des heures inavouables, il se dérobe, se cache, glisse entre mes doigts comme un glaçon facétieux. Et ça l’amuse…! Quel garnement.

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Préambule aux moments

Retarder les moments. Repousser l’instant d’obligation pesante comme celui de plaisir intense. Retarder les moments, et se plonger dans les affres de l’inactivité.

Penser. Ne faire que penser. Etudier chaque moment qui nous sépare du Moment attendu, en imaginer chaque seconde, chaque réplique, chaque conséquence. Examiner les milliers de possibilités d’échec, rêver aux éventuelles victoires.

Retarder le moment. Repousser l’activité intense ou pesante pour se vautrer dans les tourments de l’attente. Se ronger les ongles, manger les peaux mortes. S’adonner au cannibalisme teinté d’automutilation punitive. Regarder la lune, les étoiles. Se perdre dans la nuit où rien n’est perceptible. Et l’on ne sait plus si c’est le moment qui fait la mélancolie, ou la mélancolie qui fait le moment.